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Sezione italiana del movimento internazionale “We Are Church” per la riforma della Chiesa cattolica

Mons. Gaillot riconosce la sua colpa nel rapporto con un prete pedofilo

 Intervista con Mons. Jacques Gaillot, vescovo di Partenia  

PROPOS RECUEILLIS PAR ELISABETH FLEURY | 05.04.2010, 07h00

  

 Sul «PARISIEN LIBERE’ »

 Consacré prêtre en 1961, puis évêque d’Evreux (Eure) en 1982, Mgr Jacques Gaillot a été destitué par Rome en 1995, en raison de ses prises de position en faveur des exclus et contre les lois Pasqua sur l’immigration. Nommé évêque de Partenia, diocèse situé dans la région de Sétif (Algérie)… disparu au V e siècle, il symbolise aujourd’hui une certaine liberté de parole.  

Sur la toile

 L’Eglise serre les rangs autour du pape Alors que l’Eglise catholique est secouée par une succession de scandales pédophiles, ce prélat de 75 ans a accepté de nous raconter comment il a lui-même ouvert la porte de son diocèse, il y a vingt ans, à un prêtre pédophile condamné au Canada. Jugé en 2005 devant la cour d’assises de l’Eure pour des faits commis en France à partir de 1988, Denis Vadeboncoeur a écopé de douze années de réclusion criminelle.

En 1987, alors que vous êtiez évêque d’Evreux, vous avez accueilli dans votre diocèse un prêtre canadien qui avait purgé une peine de vingt mois de prison pour pédophilie. Pourquoi ?
MGR GAILLOT. A l’époque, l’Eglise fonctionnait ainsi. On rendait service. On vous demandait d’accueillir un prêtre indésirable et vous l’acceptiez. C’est ce que j’ai fait, il y a plus de vingt ans. C’était une erreur.

 Vous connaissiez les raisons de sa condamnation ?
Très vaguement. Je savais surtout qu’il avait fait un an de thérapie et qu’il était chaudement recommandé par des laïcs ainsi que par son supérieur canadien. Dans la lettre où il me demandait de l’accueillir, ce dernier avait évoqué sa condamnation et avait écrit : « Si vous souhaitez en savoir plus, on vous dira. » Je n’ai pas donné suite.
 Vous ne vous êtes pas posé de question ?
Je n’avais pas très envie que Denis Vadeboncoeur exerce dans mon diocèse mais, en même temps, je n’ai pas cherché à en savoir plus sur lui. Pendant six mois, il était parmi nous, sans attribution précise. Il rendait service, donnait des coups de main à droite ou à gauche, nouait des contacts. Les gens le trouvaient très sympa. Je me suis dit qu’on pouvait lui faire confiance. J’ai proposé au conseil épiscopal de le nommer curé. C’est ma deuxième erreur.

A ce moment-là, pourtant, vous n’ignorez plus rien de son passé…
Le supérieur canadien m’avait envoyé une deuxième lettre dans laquelle il détaillait ce que Vadeboncoeur avait commis là-bas. Le problème, c’est que cette lettre m’est parvenue tardivement. Entre-temps, il avait su se faire apprécier et était devenu très populaire.

 

Qu’avez-vous fait en recevant cette lettre ?
Je suis allé le voir. Nous en avons parlé. Il m’a dit qu’il s’était soigné, qu’il avait changé, qu’il s’en était sorti. Je l’ai cru. J’avais envie de lui donner sa chance. Je n’imaginais pas qu’il puisse être un pervers.

 

Avec du recul, que pensez-vous de cette affaire ?
Je n’aurais jamais dû l’accueillir. On n’aurait jamais dû me le proposer. Je n’aurais jamais dû le nommer curé. Mais cette prise de conscience a été tardive. Quand, en 1995, j’ai été limogé par Rome en raison de mes prises de position contre les lois Pasqua, j’ignorais qu’il avait recommencé. Avant de partir, j’ai simplement signalé à mon successeur que ce prêtre-là avait un dossier lourd et qu’il fallait veiller sur lui. Les premières plaintes des victimes ont été déposées cinq ans plus tard. Mon successeur l’a alors convaincu de se rendre à la
justice et l’a lui-même accompagné au commissariat.

 

Et quand vous avez appris ce qu’il avait fait dans votre diocèse…
Je suis tombé de haut. Cela a été une grande déception de penser que ce prêtre avait eu une double vie. Il allait à plein de réunions avec des prêtres, il participait à des tas d’activités. Personne ne m’avait rien dit. Personne ne s’en était plaint.

 

Vous avez été entendu comme témoin à son procès. Un moment difficile ?
Oui. A la barre, j’ai fait profil bas.

 

Cela pourrait-il se reproduire aujourd’hui ?
Je ne crois pas. Dans l’Eglise, les choses ont changé. Maintenant, on s’en remet à la justice. On sort, peu à peu, de cette culture du secret. On est dans une démarche de vérité et on ne perd plus de temps. Si un prêtre est mis en cause, on fait prévaloir le principe de précaution : on le suspend, sans le condamner, en attendant le jugement. C’est un chemin difficile, auquel on n’était pas habitué. Mais il est nécessaire.

 Cette crise peut-elle être salutaire pour l’Eglise ?
Oui, à condition qu’elle s’en saisisse pour interroger le fonctionnement même de l’institution. Célibat des prêtres, homosexualité, préservatif, avortement, place de la femme : sur toutes ces questions, l’Eglise est en retard, en porte-à-faux vis-à-vis de la société. Malheureusement, je n’ai pas l’impression que la démarche du Vatican aille dans ce sens. Et, du coup, cette crise ne fait que jeter le discrédit sur tous les prêtres.
 


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